Pour une fois

Publié le 9 Décembre 2015

Pour une fois, c’était le bon moment.

Auguste avait laissé passé des amours, les avait laissé glisser entre ses doigts de nombreuses fois sans jamais en garder le moindre remord, parce qu’il savait – on le lui avait dit, il se le répétait – que ce n’était pas le bon moment. Le contexte avait détruit les plus belles idylles et il n’avait pas songé à lutter contre cela. Il serait vain et sans doute triste d’énumérer les raisons extérieures qui avaient mis fin à ses histoires, le nombre de fois où ce n’était pas l’arrêt de l’amour qui avait brisé ses couples ou son absence qui avaient empêché que la romance naisse. S’il avait toujours accueilli cette funeste destinée avec une pointe de regret et d’amertume, les raisons, forcément valables, l’enjoignaient à se résigner et à ne pas se laisser envahir par la douleur. Autant avancer et passer à autre chose. Ça ne l’avait pas empêché pour autant d’espérer, d’essayer, d’aimer. Venait simplement l’instant où quelque chose brisait l’édifice en cours de construction et il ne servait à rien de lutter contre cela, pas plus que face à un orage, un ouragan, un tremblement de terre… Ce n’était pas le bon moment. Nous nous serions rencontrés à une autre époque, nous n’aurions pas traversé ces épreuves, notre amour aurait été possible. Auguste s’était peu à peu fait à ces arguments, ils faisaient parti de lui, s’imposaient naturellement.

Tu es arrivée soudainement. Tu es revenue, pour être plus précis. Tu as croisé sa vie, recroisé sa vie, il a ouvert grand les yeux comme la première fois qu’il t’a vue et son sourire s’est dessiné. Quelques instants son cœur n’a pas battu, l’espoir ne s’est pas éveillé. Par réflexe, il savait qu’il ne fallait pas y croire et que rien de tout cela ne serait sans doute possible. Et puis tu as souri, tu l’as regardé et il s’est arrêté pour réfléchir. La chamade s’est éveillée. C’est le bon moment, n’est-ce pas ? Auguste y pense et ne voit plus aucune raison de ne pas y croire. Jamais il n’a eu si peur, ses jambes ne le tiennent plus. C’est le bon moment et il ne dépend que de lui de ne pas le laisser filer.

Rédigé par Théo Auguste Marie

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