Mise au point - Auguste et moi

Auguste aime une femme, il sait que c’est trop tard, mais comme Auguste aime les femmes, il décide d’avancer. Auguste se plonge par intermittence dans la littérature, pour sortir de la torpeur, essayer de retrouver le beau. Puis il lit de la philosophie et des articles pour comprendre comment vivent les autres autour de lui. Auguste se soucie beaucoup des autres même s’il ne sait pas très bien comment vivre avec eux. En général, il ne dit rien, parce qu’il ne sait pas quoi dire. D’ailleurs Auguste ne sort plus depuis un moment déjà, il a décidé d’arrêter de faire semblant, il sait que ce n’est pas comme ça qu’il sera heureux. Pourtant il retrouve souvent ses amis et avec eux, il boit beaucoup, jamais dans les bars branchés, parfois dans des pubs, des cafés PMU, mais plutôt chez eux. Auguste n’est pas du genre à brûler la vie par les deux bouts, mais il est très mélancolique. Auguste ne sait rien des souffrances de la maladie, il traîne son corps sain, toujours un peu à côté de lui-même, il pense à changer sa marque de cigarettes. Il a arrêté de transiger, il ne va pas courir dans les parcs le dimanche après-midi parce qu’il n’a jamais voulu ressembler à un sportif, il ne mange pas correctement et souvent, il ne mange pas du tout, Auguste n’aime pas beaucoup manger. Auguste ne joue pas d’instrument de musique, il écoute peu de musique d’ailleurs, parfois un peu de chanson française, du genre naïf en général. Il s’impose en revanche d’écrire tous les jours, au moins quelques lignes, il a toujours son petit carnet avec lui. Auguste n’aime pas trop le monde dans lequel il vit et pour tout dire il en a peur, quand il s’est tu assez longtemps, il lui arrive de se lancer dans des tirades, sur l’immoralité du monde moderne, sur la décadence actuelle, sur la crise des valeurs, et Auguste ne voit que deux solutions pour sortir de l’emprise de la société : l’attentat terroriste et l’amour. Bien sûr, il compte choisir l’amour, Auguste est un pessimiste utopique, on le traite d’enfant ou bien de vieux réac’.
Auguste n’est jamais allé au théâtre, il craint une certaine forme d’impudeur à voir des corps sur scène, il préfère ne pas se l’imposer. Auguste n’a pas de fascination pour les grands écrivains, il préfère admirer leurs œuvres, Auguste croit qu’il n’y a pas de grands hommes, il est parfois très utopique. Auguste a décidé d’arrêter d’aimer cette femme, mais il ne sait pas, il trouvait ça beau aussi d’être résigné. Il doit encore y réfléchir. Auguste va parfois au cinéma, juste pour écouter des histoires, il va voir n’importe quoi, ça lui est égal, il oublie les films à peine sorti de la salle. Il y va toujours seul, Auguste a toujours aimé être seul, surtout pour les histoires. Nous ne nous comprenons pas très bien sur ce dernier point, mais j’essaie de le respecter. Auguste ne raconte pas non plus ses propres histoires, il n’aime pas les confidences. Je ne sais même pas le nom de celle qu’il aime, et pourtant, elle semble toujours là.